Stratégie | 10/01/25

Le télescope d'Equinoxe - Perspectives 2025 : une année à nœuds

Pour les lecteurs pressés, les points clés :

> 2025 commence fort et beaucoup de nœuds, notamment géopolitiques, rendent la prévision difficile.

> L’ombre de D. Trump plane sur les perspectives américaines, à la fois pour la croissance, l’inflation et la Fed. A cout terme, le positif l’emporte sur le négatif.

> En Europe, le pessimisme est tel qu’il ne serait pas si difficile de faire mieux qu’attendu, notamment grâce à l’Ukraine, l’Allemagne et la BCE.

> La Chine devrait lâcher les chevaux pour retrouver le chemin de la croissance et adoucir le coût social de la purge immobilière en cours.

 

Cette année 2025 commence déjà sur les chapeaux de roues et beaucoup de facteurs devraient impacter l’économie mondiale et les marchés. Comme toujours, le plus important sera probablement les événements que personne n’aura vu venir. Mais même pour ceux qui sont sur le radar, il est difficile d’avoir une vision claire. D’où l’idée dans cette première édition du Télescope de présenter les nœuds de 2025, c’est-à-dire les questions macro qui se posent à l’investisseur. Nous nous focaliserons la semaine prochaine sur les marchés financiers plus spécifiquement.

Trump 2.0 pour renverser la table ? Il n’a pas attendu le 20 janvier pour imprimer sa marque. Les marchés ont déjà anticipé une politique pro-business qui relâche les contraintes sur les entreprises, met de côté les normes environnementales et soutient les champions nationaux. Les secteurs des financières, de l’énergie et de la tech ne s’y sont pas trompés en se précipitant pour jurer fidélité à la nouvelle administration. Sur la fiscalité, Trump va pérenniser les baisses d’impôts de 2017 qui devaient expirer fin 2025, ce qui devrait maintenir des déficits budgétaires importants. Notre avis : ces politiques soutiendront l’économie américaine à court terme (croissance autour de 2,5%), au prix peut-être de plus de dette financière et climatique à moyen terme.

La bromance avec la Silicon Valley a-t-elle un avenir ? La nouveauté du second mandat est l’accointance avec les magnats de la tech dont Elon Musk est le chef de file. La première fois, le mariage avait été de courte durée. Cette fois-ci, ils se rejoignent sur la volonté de réduire l’administration et le poids réglementaire, au travers de la création du DOGE (Department of Government Efficiency) dont les contours restent à ce stade très vagues. A court terme, les plateformes numériques ont allègrement suspendu leurs règles de modération et de contrôle des contenus, au nom de la liberté d’expression. Notre avis : Difficile de quantifier l’impact de ces initiatives, surtout qu’elles pourraient ne jamais voir le jour. Paradoxalement, c’est l’Europe qui aurait bien besoin de s’en inspirer.

Inflation, casse-tête de la Fed. Un autre nœud important de 2025 sera l’impact sur les prix de plusieurs mesures Trump. Une réduction drastique de l’immigration pourrait soutenir les salaires et donc l’inflation, en plus de réduire l’attractivité des Etats-Unis dans le monde (point de désaccord déjà manifeste avec Musk). Les hausses de droits de douane seraient aussi inflationnistes par nature, même si les derniers échos suggèrent plutôt une approche ciblée par secteur et par géographie. Cela met la Fed dans l’embarras puisqu’elle doit anticiper ces éventuelles mesures et leur impact, rétropédalant sur les baisses de taux annoncées pour 2025. Notre avis :  la Fed baissera ses taux 2 à 3 fois cette année pour revenir proche du niveau neutre de 4%.

Trump hors des frontières. Pour la première fois depuis 1947, un Président américain remet en cause les frontières du pays : Groenland, Canada, Panama. La ligne directrice : le rapport de force prime sur les principes. Il s’agit probablement d’une posture de négociation pour obtenir des avantages, alors que le vrai nœud se situe en Ukraine. Une résolution du conflit serait de nature à lever une part de prime de risque sur les actifs européens. Le deal serait probablement favorable à la Russie et devra tordre le bras des Européens, mais il faut bien admettre que la situation militaire en 2024 a dangereusement tourné à l’avantage de la Russie. La guerre commerciale avec la Chine est aussi un gros enjeu, rappel de 2018. Mais la Chine n’y semble pas du tout disposée, beaucoup plus engluée dans ses difficultés intérieures qu’à l’époque. Notre avis :  en dépit des gesticulations et des déclarations fracassantes, l’impact de Trump sur la géopolitique pourrait  ne pas être si négatif.

Et si l’Europe sortait de son marasme ? Alors que le pessimisme atteint des sommets sur le vieux continent, la barre est basse pour surprendre positivement. L’une des clés est l’élection allemande de février : si une nouvelle coalition relâche la contrainte budgétaire, une vraie relance publique changerait la donne dans un pays qui s’enfonce dangereusement dans la récession. La BCE a aussi toutes les cartes en main pour agir vigoureusement et baisser ses taux, soutenant ainsi l’immobilier, le crédit et les exportateurs en dépréciant l’euro. Notre avis : ne rayons pas l’Europe trop vite de la carte, des lueurs d’espoir pourraient apparaître cette année.

La France : du brouillard à la grisaille. La prime de risque européenne se dissiperait aussi si la situation française retrouvait un semblant de stabilité. Les initiatives récentes en vue d’un budget sont encourageantes, le gouvernement Bayrou semblant moins arcbouté sur le redressement des comptes publics que son prédécesseur. Moins incompatible avec le centre-gauche, son immobilisme bienveillant pourrait finalement satisfaire tout le monde. Le RN notamment surfe sur sa vague de popularité et pourrait choisir le statu quo en préparation de 2027. Du point de vue économique, les indicateurs sont mauvais et laissent augurer d’une remontée du chômage en 2025, avec une croissance autour de 0,5%.  Notre avis :  peu de croissance, peu de reformes, peu de consolidation budgétaire.

La Chine prend ses pertes. Une autre possible bonne nouvelle en 2025 est que les autorités chinoises semblent remettre la croissance au sommet de l’agenda. Après trois années de galère et de purge immobilière, la crainte de déflation et de « japanification » est prégnante. Si la cible de 5% de croissance est maintenue, le moteur en 2024 a surtout été l’export, ce que l’agenda Trump rend assez difficile à maintenir à l’avenir. Notre avis : Un vrai plan de soutien public est probable en 2025 même si le pays est engagé dans une transition structurelle douloureuse.

 

Equinoxe vous souhaite une excellente année 2025 !

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